La France entre monarchie et république

Si la révolution de 1789 a provoqué la chute de Louis XVI, il aura fallu attendre près d’un siècle pour que la République s’installe définitivement en France en 1870. La Révolution a t-elle réellement profité au peuple ?

En 1789 la majorité des Français restait attachée à la personne du Roi. Les premiers révoltés ne souhaitaient pas abolir la monarchie, et encore moins guillotiner Louis XVI. La hausse des taxes ajoutée à l’inflation du prix du pain avaient été provoqués par des mauvaises récoltes et le soutien à la guerre d’indépendance des insurgés américains face à l’Angleterre. La Révolution a ainsi commencé par une insurrection de la population parisienne. Le peuple souffrait de la disette et les bourgeois craignaient une banqueroute. Cette bourgeoisie qui possédait déjà les banques, le commerce et l’industrie naissante, désirait depuis longtemps supplanter la noblesse en tant que classe dirigeante pour conduire la Nation. L’Assemblée Constituante de 1789 visait à instituer un régime plus égalitaire et plus représentatif au sein d’une monarchie constitutionnelle à l’anglaise.

Bonaparte disait : “Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens: ceux qui les font et ceux qui en profitent.”. Le peuple français a fait la révolution mais c’est la bourgeoisie qui en a profité, en devenant la nouvelle classe dirigeante du XIXe siècle. Des ententes cordiales auront lieues entre la Noblesse, qui avait les titres et les terres, et la bourgeoisie qui possédait les banques. Le reste de la population, c’est à dire 90% du peuple, n’a pas gagné grand chose. Les paysans sont restés pauvres et les ouvriers sont devenus une nouvelle classe prolétaire. Bilan : la révolution française a bouleversé les institutions mais elle a surtout redistribué les privilèges.

Les manuels scolaires évoquent souvent l’influence des philosophes des Lumières du XVIIIe siècle sur le peuple français. C’est vrai pour les élites qui rédigèrent la Déclaration des Droits de l’Homme et la Constitution de la première République. Mais la majorité du peuple ne lisait pas Diderot, Voltaire ou Montesquieu. Les paysans étaient illettrés à 90% et ne discutaient pas des « Promenades » de Rousseau.

Le siècle des lumières |
Les manuels scolaires d’histoire rappelle systématiquement l’influence des « philosophes des Lumières » sur le peuple français à la veille de la révolution.

La France en tant qu’Etat est héritière d’une longue histoire débutée avec le sacre de Clovis en 481, puis le partage de Verdun en 843. La culture française n’est pas née avec la République. La grande majorité des auteurs étudiés au collège et au lycée ont vécu sous l’ancien régime, tels Racine, La Fontaine, Ronsard, Du Bellay, Descartes, Pascal, Molière, et même les philosophes des Lumières.

Dans son histoire la France fut majoritairement une monarchie et les républiques n’ont été que des parenthèses au XIXe siècle. Il faut aussi rappeler que la monarchie n’a pas toujours été héréditaire. Les rois capétiens étaient élus comme Hugues Capet en 987. L’Ancien Régime n’est donc pas indissociable de la République. Il s’agit d’une mutation politique avec un changement de classe dirigeante. De nombreux éléments républicains sont hérités de l’Ancien Régime comme la langue (le français vient du roman qui vient lui-même du latin) et le droit français est hérité du droit romain. La plupart des républiques furent courtes (1er, 2eme et 4eme) et pas toujours des modèles de démocratie. Le vote était censitaire au XIXe siècle (seuls les hommes riches pouvaient voter) et le suffrage universel direct ne fut institué qu’en 1958 grâce à De Gaulle. La démocratie dans sa forme actuelle est donc très récente.

De Napoléon à De Gaulle

La Veme république voulait rompre avec le régime parlementaire de la IVeme qui provoquait des instabilités gouvernementales permanentes. De Gaulle a taillé une constitution sur mesure pour un président fort mais respectueux de la volonté populaire. C’était sa grande force. Son référendum de 1958 a légitimé son accession au pouvoir et celui de 1969 a entraîné son départ. Dans les deux cas, la volonté du peuple fut respecté. Le pouvoir présidentiel a néanmoins conservé certaines prérogatives régaliennes comme la lettre de grâce accordée chaque année à certains prisonniers, et le commandement des armées avec le fameux « bouton nucléaire ».

18 juin : Napoléon De Gaulle (3/3) - AgoraVox le média citoyen
Napoléon empereur des Français et De Gaulle président de la République.

L’histoire montre qu’un peuple n’est pas regardant sur la nature du régime si ce dernier lui fournit travail (d’aucuns diront de « l’argent »), nourriture et sécurité. L’élection de Hitler en 1933 et sa popularité immense jusqu’en 1942 l’a montré.

Après dix années de guerre civile, le peuple français a hérité de Napoléon Bonaparte en 1802. Ce dernier s’est fait proclamé empereur, a instauré un Etat militariste avec une police politique et une presse aux ordres. Mais Napoléon a couvert la France de gloire avec ses conquêtes, lui a offert la stabilité politique et financière (le franc germinal), ainsi que l’ordre et le prestige de la nation française.

Aujourd’hui les citoyens peuvent être représentés principalement à travers deux vecteurs :
le Parlement avec l’Assemblée Nationale mais qui représente surtout les partis politiques, et les médias qui sont censés refléter les opinions mais qui n’en reflète souvent qu’une seule c’est a dire la leur. Or, l’opinion des médias converge souvent avec celle du gouvernement et des classes dirigeantes. La révolte des gilets jaunes l’a rappelé.

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