Avantages et inconvénients de la démocratie directe à Athènes

Contrairement à la cité de Sparte qui conserva un gouvernement oligarchique, Athènes évolua progressivement vers la démocratie. Des royautés homériques jusqu’au siècle de Périclès, la cité d’Athènes connut une lente progression au profit du dêmos qui atteindra son zénith au Ve siècle. Cette évolution s’échelonna sur plusieurs étapes successives : l’oligarchie, la ploutocratie, la tyrannie et la démocratie. Athènes s’est enrichie de ses expériences politiques. La démocratie lui a apporté ses institutions et une formation civique et philosophique. Elle permit une participation du peuple au gouvernement (via l’ecclesia) et fonda la conviction des Athéniens en la supériorité de leur système politique.

I. La démocratie directe : l’avènement d’un système

Les réformes de Solon en -595, la tyrannie de Pisistrate et les réformes de Clisthène permirent au dêmos d’accueillir la démocratie de Périclès. Elle permit la participation directe du peuple au gouvernement de la cité, et le triomphe d’Athènes dans le monde grec.

a) La participation du dêmos au gouvernement de la cité

À l’image de la plèbe romaine qui rongera progressivement les rênes du pouvoir quelques siècles plus tard, le dêmos acquit des prérogatives de puissance publique. Les institutions mises en place par les différents archontes vont jouer un rôle déterminant. L’ecclesia est en première ligne. Cette assemblée du peuple vota les décrets, contrôla les magistratures, et parfois appliqua des sanctions comme l’eisangélie (dénonciation d’un magistrat pour corruption ou trahison), ou l’atimie (privation des droits civils et politiques). L’ecclesia fut ainsi un lieu privilégié pour ses 6000 membres-citoyens de représenter la masse. Cette ecclésia qui connut son apogée au Ve siècle permit aux citoyens de la cité grecque de participer directement à leur gouvernement.

Pouvant déclarer la guerre, voter des décrets et châtier, ces trois prérogatives à elles seules, démontrent l’étendue de la participation du dêmos. D’autres organes ont également illustré la démocratie directe. L’héliée demeura longtemps un symbole de la justice populaire. La Boulè, quant à elle, fit figure de coordinateur entre l’ecclesia et l’héliée. Enfin, les magistratures fut marquées par le tirage au sort, la rotation, la collégialité, et la soumission au contrôle populaire, en décalage complet avec le système des futures magistratures romaines. 

b) Le triomphe d’Athènes

La démocratie directe, dont Aristote redoutait l’existence, a fonctionné au Ve siècle. L’avènement du système a permis non seulement au dêmos d’accéder enfin au pouvoir après des siècles de lutte contre les eupatrides et les tyrans, mais contribua aussi à la formation civique et spirituelle des masses. L’arrivée des Sophistes, favorisée par Périclès, enrichit la philosophie et suscita de nombreuses polémiques (l’ecclesia partagé entre le juste et l’utile, entre la justice et l’intérêt de la masse). Le triomphe de la démocratie fut aussi celui d’une cité qui n’eut d’autre ambition que d’exporter son régime vers les autres cités grecques. En portant le dêmos au pouvoir, la démocratie suscita chez les Athéniens une prise de conscience de leur citoyenneté, et de la supériorité de leur système. Cet aspect pervers encouragea Athènes à exporter sa démocratie et à transformer son hégémonie en impérialisme.

II. Les effets pervers de la démocratie directe d’Athènes

Fiers de leur démocratie, les Athéniens l’ont exportée vers les autres cités grecques. Mais il ne s’agissait là que d’une vitrine politique car la démocratie fut surtout un levier pour imposer l’impérialisme athénien.

a) L’exportation de la démocratie vers les autres cités : le pouvoir usurpé.

L’impérialisme d’Athènes n’a pas été fortuit. Tout comme la ligue de Délos avait servi de prétexte au prélèvement du misthos, l’exportation de la démocratie va justifier la sujétion économique des cités grecques et le contrôle permanent d’Athènes sur leur vie politique, économique et sociale. En étendant la démocratie directe à l’ensemble des cités, Athènes a pu implanter ses épiscopoi (agents de renseignement), ses clérouquies (colons Athéniens), le misthos et la justice de l’héliée (Athènes à la fois juge et partie). La présence de garnisons hoplitique dans chaque cité et la répression contre chaque révolte furent autant d’instruments pour préserver la domination de la démocratie athénienne dans le monde grec du Ve siècle. Les cités alliées d’Athènes firent alors figure de cités vassales. Le principe était que l’impérialisme se définit par l’imposition ou l’exportation d’un système politique vers d’autres cités. On aurait pu penser que cela profiterait aux autres cités mais il n’en fut rien. Des organes tels que l’ecclesia et l’héliée, ne firent qu’exercer la démocratie au service de l’impérialisme.

b) La démocratie directe, une apogée brève.

Le dêmos connut son zénith sous Périclès. La démocratie qui servit de façade à l’impérialisme d’Athènes connut néanmoins une brève apogée. Si la démocratie permit à la masse d’accéder au pouvoir (civiquement formé par Pisistrate et Clisthène) elle évinça aussi des lignages nobles des Eupatrides, habitués jusqu’alors à monopoliser les magistratures et donc le pouvoir (notamment l’aréopage). Cet effet secondaire est subtil car il démontra que la démocratie directe n’avait pas satisfait l’ensemble des citoyens. Or, en pleine démocratie, les eupatrides n’eurent en tête que la reprise du pouvoir et le retour à l’oligarchie comme à l’époque pré-solonienne. Solon, en tentant de modérer les pouvoirs du dêmos et des nobles, n’avait fait que des mécontents. La démocratie, elle, créa des rancunes et ne supprima nullement le clivage nobles/masse. La suite des événements révéla les avatars du système athénien avec l’écroulement progressif de l’impérialisme au IVe siècle.La démocratie symbolisa l’évolution difficile d’un régime oligarchique à un régime démocratique ainsi que l’avènement du dêmos au pouvoir. L’histoire d’Athènes montra aussi que la démocratie directe avait été un long mûrissement des esprits, grâce à Solon et Clisthène, prêts à accueillir le régime de Périclès qui sut habilement utiliser le système pour la gloire de la cité. Mais les avantages et les inconvénients de la démocratie reflétèrent ceux des citoyens eux-mêmes. Qu’ils soient eupatrides ou membres du dêmos, la finalité a toujours été la convoitise du pouvoir : “L’avenir de la cité appartient au citoyen”. Solon.

2 réflexions sur “Avantages et inconvénients de la démocratie directe à Athènes

  1. Bonjour,

    Vos articles, clairs et concis, sont toujours intéressants. Mais attention aux fautes d’ortographe (en particulier le passé simple), leur nombre finit par nuire à la qualité de la lecture !
    II b): connut, servit, subtil, prêts, sut.

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